
Le Traité de Berlin de 1885 a permis à la France d’étendre son empire colonial sur une partie considérable du continent africain, sans consultation des populations locales. Entre la fin du XIXe siècle et les années 1960, la France a imposé sa domination sur 20 territoires africains distincts, redéfinissant durablement les frontières et les structures politiques.
Des politiques d’assimilation strictes aux systèmes d’administration indirecte, les méthodes appliquées n’ont pas été uniformes d’un territoire à l’autre. Les conséquences de cette histoire continuent de peser sur les relations diplomatiques, économiques et culturelles entre la France et ses anciennes colonies.
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Plan de l'article
La présence coloniale française en Afrique : chiffres et territoires concernés
Au début du XXe siècle, l’empire colonial français atteignait une ampleur saisissante en Afrique. À son sommet, il couvrait près de 11 millions de kilomètres carrés, ce qui représente plus d’un tiers de la superficie actuelle du continent. L’influence hexagonale ne s’est pas limitée aux côtes : elle s’est étendue du Maghreb jusqu’aux rives atlantiques, touchant l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique centrale, et s’immisçant jusque dans des zones stratégiques de l’Est.
La présence française s’est traduite par un enchevêtrement de statuts administratifs. Certains territoires étaient placés sous système colonial direct, d’autres sous protectorat, ou encore confiés à la France par mandat international. Aujourd’hui, plus de vingt pays africains portent la marque de cet héritage. Cette expansion n’a rien du fruit du hasard : elle s’est construite sur des choix politiques et économiques affirmés dès la conférence de Berlin, où la France rivalisait d’ambition face aux autres puissances européennes.
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Pour mieux cerner l’empreinte laissée par la France, voici les grandes régions africaines concernées et les pays actuels qui en sont issus :
- Afrique de l’Ouest : Sénégal, Mali, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Bénin, Guinée, Niger, Mauritanie.
- Afrique centrale : Tchad, Cameroun, République centrafricaine, Congo-Brazzaville, Gabon.
- Afrique du Nord : Algérie (dès 1830), Maroc, Tunisie.
- Afrique de l’Est et Océan Indien : Djibouti, Madagascar, Comores.
- Togo et Cameroun, confiés à la France sous mandat après la Première Guerre mondiale.
Cette diversité de situations administratives en dit long sur la complexité de l’histoire coloniale française. Quant au découpage territorial, hérité de cette époque, il continue d’influencer la politique et l’économie de l’Afrique francophone contemporaine.
Quels pays africains ont été colonisés par la France ?
La liste des territoires concernés par la colonisation française en Afrique s’étend du nord au sud, de la Méditerranée jusqu’aux rivages de l’océan Indien. Dès 1830, l’Algérie passe sous administration française ; elle restera un symbole central de cette expansion, suivie par le Maroc et la Tunisie, placés sous protectorat au début du XXe siècle.
En Afrique de l’Ouest, la France structure une vaste fédération, l’Afrique occidentale française, comprenant le Sénégal, la Mauritanie, le Mali (alors Soudan français), le Burkina Faso (Haut-Volta), la Côte d’Ivoire, le Niger, le Bénin (Dahomey) et la Guinée. À l’est, l’Afrique équatoriale française regroupe le Gabon, le Congo-Brazzaville, la République centrafricaine et le Tchad.
Le Cameroun et le Togo constituent un cas à part : ex-colonies allemandes, ils deviennent des mandats confiés à la France par la Société des Nations après 1918. Côté océan Indien, la France impose son contrôle à Djibouti, Madagascar et dans l’archipel des Comores.
Pour rendre compte de cette diversité, ce tableau récapitule les régions colonisées, les pays concernés et le statut imposé à l’époque :
Région | Pays concernés | Statut colonial |
---|---|---|
Afrique du Nord | Algérie, Maroc, Tunisie | Colonie, Protectorat |
Afrique de l’Ouest | Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Niger, Bénin, Guinée | Colonie |
Afrique centrale | Gabon, Congo-Brazzaville, République centrafricaine, Tchad | Colonie |
Afrique de l’Est, Océan Indien | Djibouti, Madagascar, Comores | Colonie |
Mandats | Cameroun, Togo | Mandat |
Au final, plus de vingt pays africains ont connu, sous des formes variées, la domination de l’empire colonial français. Cette mosaïque de statuts, colonie, protectorat, mandat, témoigne de la capacité du système colonial à s’adapter, région par région, aux contextes locaux ou aux enjeux géopolitiques du moment.
Conséquences majeures de la colonisation : entre héritages et fractures
La colonisation française n’a pas seulement redessiné le visage de l’Afrique : elle a transformé ses sociétés en profondeur, laissant des traces mêlées d’influence et de déchirure. La langue française structure toujours la sphère publique, la vie politique et les médias d’un grand nombre de pays africains. Du Sénégal au Bénin, du Gabon à Madagascar, elle demeure langue officielle ou administrative, héritée d’une politique éducative centralisée qui a modelé l’école et l’administration sur le modèle de la métropole.
Les frontières héritées de la période coloniale, souvent tracées sans tenir compte des réalités sociales ou ethniques, sont à l’origine de tensions persistantes. La création d’États aux contours arbitraires a parfois intensifié les rivalités locales, nourri des revendications identitaires et engendré des différends frontaliers qui perdurent jusque dans l’actualité.
Deux conséquences majeures de la colonisation peuvent être mises en lumière :
- Économie de rente : le modèle colonial a favorisé l’exportation de matières premières (coton, arachide, cacao, minerais), freinant l’industrialisation locale. Aujourd’hui encore, de nombreux pays demeurent dépendants des fluctuations du marché mondial.
- Inégalités sociales : la division de la société en hiérarchies, l’accès limité à l’éducation et la formation d’élites francophones ont creusé un écart profond entre dirigeants et populations rurales.
Les mouvements indépendantistes qui émergent après la Seconde Guerre mondiale cherchent à se libérer de la tutelle politique et économique, tout en devant composer avec des institutions et des frontières héritées de la domination française. Cette tension, entre rupture et continuité, façonne encore aujourd’hui la trajectoire de nombreuses nations africaines.
L’influence persistante de la France en Afrique : quelles réalités aujourd’hui ?
Entre la France et l’Afrique, le passé ne s’efface pas : il s’insinue dans les relations diplomatiques, les partenariats économiques, la présence militaire et jusque dans la vie culturelle. La page de la colonisation est officiellement tournée, mais l’histoire continue d’imprégner les liens qui unissent Paris à une vingtaine d’États africains. Qu’il s’agisse de coopération, de réseaux d’influence ou d’accords stratégiques, la relation demeure singulière.
Le franc CFA, vestige monétaire de l’empire français, structure encore les échanges de quatorze pays africains. Rattaché à l’euro et garanti par le Trésor français, il cristallise les débats sur l’indépendance économique et la souveraineté monétaire, nourrissant à la fois la coopération et la contestation.
L’influence française prend plusieurs formes concrètes, que l’on peut résumer ainsi :
- Présence militaire française : des bases permanentes existent à Dakar, N’Djamena, Abidjan, Djibouti et Libreville. Paris intervient fréquemment dans les crises régionales, souvent en coordination avec les gouvernements locaux.
- Relations économiques : la France demeure un partenaire de poids, que ce soit via les grands groupes industriels, les échanges commerciaux ou les investissements. Toutefois, la concurrence chinoise et turque rebat les cartes, poussant à une redéfinition des rapports de force.
La francophonie reste un atout culturel et intellectuel majeur. Pourtant, la jeunesse africaine exprime de plus en plus sa volonté d’émancipation, marquant ses distances avec la « Françafrique » et ses logiques d’influence. Entre héritages et nouveaux équilibres, l’histoire commune s’écrit désormais à plusieurs voix. Et si demain, la relation se réinventait au-delà des anciennes dépendances ?